​Elections en Grèce le 25 janvier 2015 Ce que l’on peut dire et craindre...

Publié le par Jaures

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Le MS21 suit de près la situation en Grèce. Il partage l'analyse qui a été faite par Jacques Sapir concernant les récentes négociations entre la Grèce et l''Eurogrpupe

Sapir : L’accord Grèce-Eurogroupe

21 février 2015 Par Jacques Sapir

L’accord conclu le vendredi 20 février entre la Grèce et l’Eurogroupe suscite des commentaires contradictoires. Il faut, pour comprendre cet accord, et pour l’analyser, en resituer le contexte, à la fois dans le court et dans le long terme.

Un accord temporaire

Cet accord avait pour but d’éviter une crise immédiate. Le gouvernement d’Alexis Tsipras s’y était engagé. Une crise moins d’un mois après l’accession au pouvoir eut provoqué un chaos probable. De plus, cet accord mérite d’être regardé à la loupe. Il y a bien plus que ce qu’en dit Paul Krugman dans son billet pour le New-York Times[1]. En fait, la Grèce a obtenu plusieurs choses :

1. La Grèce n’est plus obligée d’atteindre un excédent budgétaire primaire de 3% cette année. L’équilibre seul est exigé.

2. Le « contrat » qui court sur 4 mois est explicitement désigné comme une transition vers un nouveau contrat, qui reste bien entendu à définir.

3. La « Troïka » n’existe plus comme institutions, même si chacune de ses composantes continue d’exister. C’en est donc fini des équipes d’hommes en noir (men in black suits) qui venaient dicter leurs conditions à Athènes.

4. La Grèce écrira désormais l’ordre du jour des réformes, et elle l’écrira seule. Les institutions donneront leur avis, mais ne pourront plus faire d’un point particulier de ces réformes une obligation impérieuse pour Athènes.

Un avantage plus discret est que le Gouvernement grec a brisé l’unanimité de façade de l’Eurogroupe et a obligé l’Allemagne à dévoiler ses positions. Mais, la Grèce a accepté de reconnaître – pour l’instant – l’ensemble de ses dettes. Il n’y a eu aucun progrès sur ce point, et aucun signe d’un changement d’attitude de l’Allemagne.

Un succès limité.

Mais, ce succès est limité. Dans 4 mois, fin juin, le gouvernement grec sera à nouveau confronté à l’Eurogroupe, et cette fois-ci, ce ne sera pas une négociation facile. Le gouvernement d’Athènes va proposer des réformes, et l’on peut penser que celles-ci vont faire peser le fardeau fiscal sur les privilégiés, et le contentieux avec l’Eurogroupe et l’Allemagne va encore grandir. De fait, l’Allemagne ne peut céder, ni non plus le gouvernement grec. Ceci implique que l’on va vers un nouvel affrontement, à moins que d’ici là se dessine une « alliance » anti-allemande. C’est ce qu’espère Tsipras, et sur ce point il a tort. Les gouvernements français et italiens sont en réalité acquis aux idées allemandes.

Et pourtant, l’idée d’utiliser les sommes allouées aux remboursements (intérêts et principal) pour relancer l’économie grecque, développer l’investissement, tombé à un niveau historiquement bas, a dus sens.

Graphique 1 Evolution des investissements en Grèce.

La chute de la productivité (en sus de la production) est l’indicateur de l’échec fondamental de la politique d’austérité.

La chute de la productivité (en sus de la production) est l’indicateur de l’échec fondamental de la politique d’austérité.

Graphique 2 Evolution de la productivité du travail en Grèce

De même, prendre des mesures humanitaires d’urgence est fondamentalement juste, mais elle s’oppose frontalement avec la logique de créancier que défend l’Allemagne.

De même, prendre des mesures humanitaires d’urgence est fondamentalement juste, mais elle s’oppose frontalement avec la logique de créancier que défend l’Allemagne.

Se préparer à sortir de l’Euro.

Mieux vaut utiliser ces 4 mois gagnés de haute lutte pour se préparer à l’inévitable, c’est à dire à une sortie de l’Euro. Quelle que soit la stratégie de négociations de la Grèce, et celle conçue par son Ministre des Finances Yanis Varoufakis est excellente, il faut s’interroger sur le but de cette négociation. En fait, la Grèce ne peut obtenir des choses qui sont, dans le contexte politique actuel, contradictoires. Elle ne peut se dégager des dettes (d’au moins une partie) et garder l’Euro. Le paradoxe réside dans ce qu’une sortie de la Grèce de la zone Euro, par les effets induits qu’elle produira, mettra fin assez rapidement soit à l’Euro soit à la politique de Germano-Austérité. Mais, pour cela, la Grèce doit sortir de l’Euro.

Elle a 4 mois pour s’y préparer, pour convaincre la population qu’une telle issue est inévitable et qu’en réalité cette même issue constituera un progrès. Il est probable que cela implique aussi de changer de Ministre des Finance. Non que Yanis Varoufakis ait démérité, loin de là. Mais, il faudra bien annoncer la couleur et faire en sorte que la nouvelle stratégie de la Grèce soit prise au sérieux. La nomination d’hommes et de femmes connus pour leurs opinions négative quant à l’Euro serait un signal fort que l’on se prépare à un affrontement dans les meilleures dispositions.

[1] http://mobile.nytimes.com/blogs/krugman/2015/02/20/delphic-demarche/

 

source : http://russeurope.hypotheses.org/

Publié dans Actu

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M
Ces chiffres ( 735€, 636€ ...) qui ont été lancés par la presse de droite ( Le Figaro, TF1) dans le seul but de faire peur, sont des bobards bêtes et méchants. Si la dette grecque était annulée, la seule chose que perdraient les Français ce sont les intérêts versés par la Grèce soit environ 15€ par personne et par an .
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M
Il ne faut pas laisser circuler le chiffre de 600 euros que couterait selon certains le non paiement de la dette grecque au français, il ne correspond à rien: la BCE peut très bien résoudre le problème de la dette grecque, d'abord en annulant la part de la dette grecque qu'elle détient: 27,7 milliards, ensuite en rachetant aux états et au FEFS leurs part de la dette grecque.
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