Le MS21 et les Gilets Jaunes (2)

Publié le par MS21

Le MS21 et les Gilets Jaunes (2)

Depuis quelques jours, l’Histoire s’accélère et oblige tous les acteurs politiques à une grande réactivité. Le MS21 livre ici son analyse sur les derniers événements.

La violence

Repris par l’ensemble des médias dans une sorte de contagion sémantique, les mots de « casseurs » et de « pilleurs » ont été abondamment utilisés ces derniers jours. C’est l’occasion pour nous de revenir sur l’évocation d’une bande de malfrats qui, par leur action méthodique et organisée depuis un demi-siècle mérite singulièrement ces qualificatifs. Nous voulons parler ici des « ultras-libéraux », cette clique qui regroupe les banques commerciales, les marchés financiers, les grandes assurances, les conseils d’administrations du CAC 40 et tous leurs vassaux qui ont constitué l’intégralité des gouvernements depuis les années 70 jusqu’à l’actuel locataire de l’Elysée (à l’exception notable de la parenthèse qui va de mai 81 au tournant de la rigueur de 83). Oui, ces gens-là ont commencé par casser. Ils n’ont pas cassé trois vitrines d’un magasin de luxe, ils ont vu bien plus grand. Ils ont entrepris de détruire un modèle social, celui de l’après-guerre et tous les biens précieux qui y étaient entreposés : les services publics, la sécurité sociale, le droit du travail. Ensuite ils ont pillé.  Mais ils n’ont pas volé quelques tee-shirts de marque ou des chaussures à la mode, ils voyaient encore bien plus grand. Ils ont détourné à leur profit une grande partie des richesses produites en soumettant et contraignant  le salariat. Ils ont agi d’abord sur le salaire direct en organisant la concurrence libre et non faussée puis sur le salaire socialisé en réduisant les cotisations en substituant des assurances privées à l’assurance maladie et des retraites par capitalisations très lucratives à la solidarité du principe par répartition. Le bilan de cette violence sociale est désastreux : il ne s’agit pas ici de quelques débris de verre en haut des Champs Élysées, il s’agit de régions entières désertifiées, de 10 millions de pauvres, de plus de 3 millions de mal logés, de 4 millions de chômeurs, et de millions d’emplois industriels disparus. Alors lorsqu’un journaliste de TF1 décrit, les sanglots dans la voix, le spectacle de désolation de quatre vitres brisées, il faut se rappeler les paroles de Jaurès (1906) : « La violence est chose grossière chez les ouvriers (…) mais le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente de gestes désordonnés.  Quelques hommes se rassemblent dans l’intimité d’un conseil d’administration et décident. Ainsi tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, se dérobe et s’évanouit dans une sorte d’obscurité »

Que veulent les Gilets Jaunes ?

Après avoir tenté en vain de faire apparaître les gilets jaunes comme un mouvement de néo-poujadistes puis d’anarchistes excités, nos dirigeants - auxquels il faut bien ajouter la grande majorité des responsables politiques et syndicaux - semblent totalement désorientés. Les voilà bouleversés par une question pourtant basique mais qui ne leur avait jamais traversé l’esprit et que les programmes de l’ENA n’ont apparemment jamais inscrit à l’ordre du jour : Que veut le peuple ? Pour nos  dirigeants en effet, cette question était résolue naturellement par l’ordre institutionnel des élections représentatives. Pour résumer, il a suffi d’organiser le grand théâtre médiatique quinquennal ; on a mis en scène un premier de la classe docile au visage angélique confronté à une extrême droite diabolisée présentée comme le grand péril fasciste. L’affaire était dans le sac. Accessoirement, si le peuple risquait de manifester sa colère il suffisait de polariser l’attention sur une coupe de monde de football ou sur la mort d’une star du rock…

A vous dirigeants hors du monde - démodés et anachroniques- nous disons ceci : il faut maintenant vous rendre à l’évidence, ces vieilles recettes ne suffiront plus ! Et on ne dira jamais assez merci aux Gilets Jaunes pour avoir « cassé » cette servitude résignée qui faisait accepter au peuple des souffrances au travail, des fins de mois impossibles, des humiliations devant des banquiers arrogants, des dirigeants de pôles-emploi chargés d’expliquer aux  classes populaires qu’elles ne sont pas assez qualifiées, ou trop jeunes ou trop vieilles ou fainéantes et assistées par nature alors qu’ « il suffit de traverser la rue pour … » (dixit E Macron).  En vérité, ce que veulent les Gilets Jaunes – et la permanence du thème du RIC ( Référendum d’Initiative Citoyenne) sur les réseaux sociaux est là pour le confirmer - c’est reprendre du pouvoir, c’est donc rétablir le principe que nos énarques ont oublié depuis longtemps : en République c’est le peuple qui est législateur et les institutions ne sont là que pour encadrer ce principe par des procédures adaptées.  

Macron

On le voit, dans cette perspective, les dernières actions et déclarations de Macron et de son gouvernement sont au mieux inadaptées et au pire, ridicules.  Le peuple  veut du pouvoir d'achat,  Monsieur Macron lui accorde une aumône sans jamais mettre à contribution ni les riches ni le patronat !  (Les 100 euros par mois offerts aux salariés qui sont au SMIC ne coûteront pas un euro à l'entreprise et la prime de fin d'année c'est au bon vouloir du patron qu'elle sera versée). Le peuple veut vivre dignement de son travail, il affaiblit la part la plus emblématique du salaire qu’est la cotisation. Le peuple  veut de la justice fiscale, il persiste à faire des cadeaux aux fortunés. Le peuple veut manifester  fièrement, il sollicite des blindés dans Paris. Le peuple veut une jeunesse éduquée et citoyenne, il humilie publiquement des lycéens. On reste littéralement sidéré devant un tel mélange d’arrogance et d’incompétence qui touche tout autant l’ensemble des ministres, des députés LREM,  et, plus grave encore, des cadres de l’autorité publique.  

La suite

Trois scenarios semblent possibles. Le premier est le pourrissement du mouvement sous l’effet de la fatigue, de la propagande médiatique et de l’attisement des tensions à l’intérieur même du mouvement. Ce serait terrible même si cela ne signifierait pas que ce mouvement était vain. En effet, en politique, rien ne se perd définitivement et on connaît le phénomène de « résurgence » des mouvements sociaux qui pourrait intervenir dès les prochaines élections. Le deuxième – plus probable et que le MS21 appelle de ses vœux - est l’intensification de l’action de Gilets Jaunes. Devant ce cas de figure, E Macron n’aura alors que deux solutions : dissoudre l’Assemblée Nationale  pour remettre la Démocratie en ordre de marche dans une France qui est regardée attentivement par le monde entier, ou durcir et radicaliser son soutien aux classes dominantes au risque de basculer vers un régime autoritaire aux relents préfascistes.

 

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G
Bonjour, "dissoudre l’Assemblée Nationale pour remettre la Démocratie en ordre de marche", c'est-à-dire faire revoter ce bon peuple dans les mêmes conditions que précédemment, ne changera RIEN au résultat !<br /> Il faut au préalable, interdire à une poignée de milliardaires qui possèdent TOUS les grands "merdias" d'en avoir le contrôle. Sinon, ils continueront de faire élire celui que leurs patrons ont choisi...<br /> Et puis, attendu que pour mener campagne, il faut un "pognon de dingue", ce qui limite nécessairement les impétrants à ceux qui en ont ou qui sont "sponsorisés" par l'oligarchie, je milite pour remplacer les élections par un tirage au sort qui, en vertu de la loi des grands nombres, enverrait à l'Assemblée un reflet quasi parfait des différentes couches sociales du pays.
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H
La révolte et la casse.<br /> <br /> Tous ceux qui cassent la vie de millions de personnes, ne supportent pas que l'on casse le moindre denier de leur patrimoine ou de leur capital. Leur attachement à leurs biens est sacré. Cela ne les dérange en aucune façon détruire la vie d'autrui pourvu que l'on préserve leurs biens. Dés que l'on commence à les détruire, ils prennent peur et cherche à tout prix à faire croire que l'on a à faire à des casseurs. Ils finissent par se comprendre que les personnes poussés à bout qui n'ont plus de quoi vivre décemment et n'ont plus rien à perdre se révoltent et cherchent à casser pour faire réagir les possédants et leurs valets. Quelques miettes à leur jeter devraient les calmer s'ils pensent qu'il y a des risques de révoltes qui forcément s'accompagneront de casse au préjudice de leurs privilèges. Les syndicats et partis politiques qui ont toujours dénoncé la casse se sont discrédités du fait que sans casse le pouvoir économique et politique est sourd. Mettre des millions de personnes dans la rue ne les dérangent plus puisqu'il n'y a plus aucun risque de révolte. Voilà ce que ne supportent plus les Français. Puisqu'on casse leur vie, on peut donc casser leur biens qui leur ont été malhonnêtement confisqués et légalement en retenue sur leur salaires. C'est pourquoi, il ne doit pas y avoir de leaders négociateurs car le système est conçu pour corrompre ces leaders par toutes sortes d'avantages en contrepartie de quoi ils négocient les miettes ou le poids des chaînes à leur jeter. Le gouvernement est parfaitement conscient des abus de leur système qui oppresse le peuple et qui n'ose s'opposer au pouvoir de l'argent alors qu'ils ont tous les pouvoirs sur le plan politique. S'ils n'étaient corrompus par l'argent, les privilèges et les honneurs, ils auraient depuis longtemps corrigé ces abus et mis au pas tous ces requins et rapaces qui ne pensent qu'à s'enrichir au dépend de ceux qui travaillent et qui les enrichissent par leur travail. Entre les valets au pouvoir qui matraquent le bas peuple mais aussi les couches moyennes, les artisans, petits commerçants, paysans, indépendants …, et les gros et petits requins qui assèchent les budgets des locataires par des loyers exorbitants et injustifiés, la majorité des Français est redevenue en esclavage comme au temps des seigneurs qui prélevaient une grande partie du fruit du travail de leurs serfs. Il va falloir que ces requins lâchent beaucoup plus que quelques miettes symbolique pour calmer la révolte des Français.
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R
Vos écrits nous font du bien car ils mettent en démonstration logique tout notre ressenti de "classe moyenne" qui voit l'avenir de ses enfants et petits-enfants bien sombre. Je ne veux pas partir sans voir un peu de lumière au bout du tunnel ! Et si vous nous parliez un peu de ce que nous propose l'anarchie ? Il me semble que ça ouvrirait la porte à des idées un peu "décolonisées". Parce que, même dans les commentaires de vos lecteurs, on voit bien que la majorité n'arrive pas à sortir des schémas que la propagande du pouvoir nous a, lentement mais surement, inculqués. Un autre monde est possible !
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S
et pourquoi ne pas vs suicider, ce que de ttes façons vs faites en soutenant l'insoutenable ...???<br /> on gagnera en CO² ...<br /> ou encore ...<br /> qd les cons ont la parole , les fainéants en profitent !
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H
Je pense que vous n'avez pas compris grand-chose à la révolte des Français, je pense aussi que vous faites parti des petits ou même gros requins qui assèchent le porte-monnaie des Français les plus ou moins pauvres et qui commence à trembler par la révolte de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Le CO2 est une vaste fumisterie pour vous pomper le peu qui vous reste, que l'on commence à taxer les vrais pollueurs et ensuite on fera le point. Que l'on mette en place la taxe pollueur payeur qui n'a même pas été envisagée un seul instant alors que l'automobiliste est déjà matraqué. Entre nous, Entre nous, le seul con que j'ai identifié sur ce site est bien celui qui insulte ceux qui ne partagent pas son avis et qui répète sans sourciller les âneries distillées à longueur de journée par des crétins incultes et imbéciles.
M
"Relents"? "Préfascistes"? N'est-on pas, un peu, dans l'euphémisme? Manifestants matraqués et gravement blessés, syndicalistes condamnés, lycéens mis à genoux, maternité vidée par les CRS, les blindés pour mettre au pas "la populace", des centaines d'arrestations, flics et magistrats pouvant décréter le nouveau délit "d'intention" pour détention d'un gilet ou d'un masque anti-poussière, l'état d'urgence autorisant toutes les formes de répression allant jusqu'à toucher les familles des syndicalistes ou manifestants,...Complétez la liste...Tous les gilets jaunes sont certainement loin d'en être conscients mais, vieux-con matérialiste invétéré, j'avais tenté d'expliquer que cette "construction européenne" --soumettant par un supranationalisme dictatorial les peuples à la finance en les opposant entre eux-- renfermait bien en germe une dérive fascisante, par la logique même des rapports de force qu'elle exprimait. Mais --fort heureusement!--, nos lucides dirigeants syndicalistes et politiques, soutenus par nos grrrands intellectuels, ont appelé à voter pour le porte-flingue qui squatte l'Elysée..."pour barrer la route au fascisme". Nul doute qu'on en trouvera, toute honte (?) bue à passer du côté des matraques...pour défendre La République et La Démocratie! Peut-être faudrait-il, me semble-t-il, pour qu'un tel mouvement ouvre de vrais perspectives transformatrices, qu'il puisse réaliser des "Etats Généraux" pouvant éventuellement aboutir à la constitution d'un CNR nouveau. Est-ce que cela serait accessible dans un proche avenir? Là est la question...<br /> Méc-créant.
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