Entre deux tours

Publié le par MS21

 Rue St Martin. Issoudun 2018. 54 magasins installés il y a quarante ans,  5 aujourd'hui

Rue St Martin. Issoudun 2018. 54 magasins installés il y a quarante ans, 5 aujourd'hui

Il y a tant de façons d’occuper un dimanche...

Dimanche 24 Avril, cher citoyen, il est probable que le soleil se lèvera à l’Est et qu’il éclairera à travers la fenêtre de ta chambre l’horizon qui s’y découpe. Si cet horizon est un parc aux arbres majestueux tant mieux pour toi, mais garde une pensée pour la filière bois de notre industrie française qui périclite faute de moyens et est livrée aux chinois qui nous inondent en retour de leurs produits transformés. Si cet horizon est malheureusement celui d’une rue de banlieue sale et parsemée de poubelles où des « sans domicile » tentent de glaner quelques restes, pense à cette fameuse fracture sociale que notre classe politique, tous bords confondus, promet de réduire depuis quelques décennies avec le succès que tu constates.

Mais cher citoyen, il ne faut pas haïr les dimanches. Ils offrent encore quelques opportunités que notre fragile démocratie préserve avec une certaine efficacité.  Saisis les. Ne cède pas à la culpabilité que veulent propager des écologistes radicalisés et prends ta voiture. Parcours la France, ce pays qu’une certaine oligarchie européiste voudrait banaliser mais qui garde pourtant tant de singularités. Tu y verras des paysages si variés et mieux encore, des citoyens de toutes classes et de toutes origines, attachés à une République que d’autres voudraient morceler, découper en communautés rivales. Ne cède pas à cette tentation ; rappelle toi que le peuple n’est jamais aussi fort, émancipateur que lorsqu’il porte  un projet universaliste dont l’écho se fait entendre dans le monde entier. Pense à  Jaurès, cherchant la justice et la paix jusqu’à son dernier souffle, et au général De Gaulle  dont la vie ne fut consacrée qu’à son pays.

Quand tu traverseras une bourgade au centre désert, où ne reste qu’un musée comme  vestige nostalgique d’un passé industrieux, pense à cette classe politique corrompue qui a sacrifié plusieurs centaines de milliers d’emplois sur l’autel de la concurrence libre et non faussée si chère à Bruxelles. Ton regard croisera  surement une école vieillotte, le bâtiment d’une ancienne poste, une gare désaffectée. Dis-toi que cette décrépitude des services publics n’est pas le fait du hasard ni une fatalité inéluctable, mais le résultat d’une volonté politique, patiente et méthodique, dont notre gouvernement n’est que le zélé continuateur. En sortant, ne t’attarde pas sur la pancarte où s’inscrit l‘inévitable appel de la mairie « On recherche un médecin de toute urgence » mais pense à Croizat, ce député communiste qui voulait assurer au peuple avec « la sécu » des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, c’est à dire parer aux inévitables adversités de la vie que sont la maladie et la vieillesse. Contourne enfin le rond-point où s’exprimait naguère a colère sourde et fière de citoyens exaspérés par l’injustice sociale – tu sais, ces fameux irresponsables qui voulaient pouvoir offrir quelques cadeaux à leurs enfants le jour de Noel – et que notre cher Président a traités à grands renforts de LBD et de mépris.

Alors, il est possible que tu ressentes une impression diffuse d’impuissance, une forme d’abattement moral et politique. Tu te diras : Qu’est-il encore possible de faire ? Evidemment ce n’est certainement pas dans le choix pathétique qui m’est offert ce dimanche que réside le moindre espoir d’une vie meilleure pour moi-même et mes enfants…Tu as raison, citoyen, ne t’abaisse pas à participer à ce simulacre de démocratie mais résiste à cette insidieuse inclination vers la résignation ! Nous avons dans notre pays un « déjà là » que nous a légué un passé glorieux de résistants. Résistants à l’occupant, résistants aux tentations fascistes, résistants à l’oligarchie bancaire et industrielle qui veut réserver le pouvoir aux actionnaires et à la bourgeoisie arrogante du CAC 40.

Que cette abstention soit donc pour toi la première étape vers une souveraineté retrouvée. Celle d’un peuple éduqué réuni en assemblées, institutionnelles ou informelles, où se confrontent, fiers de leur histoire commune et de leur projet commun, des citoyens qui revendiquent la reconnaissance du seul pouvoir légitime : le leur.

 

 

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