Faut-il avoir peur d'une cohabitation ?
A propos de notre code électoral
Le calendrier électoral des élections nationales a été réformé en 2002 en même temps que le mandat présidentiel était ramené à cinq ans au lieu de sept (référendum du 24 septembre 2000). Ainsi, depuis 2002 les législatives succèdent à la présidentielle. Le but de cette réforme était d’assurer une majorité au Président nouvellement élu et le calcul s’est révélé juste, puisque les résultats ont confirmé à chaque fois le succès présidentiel, le Président se retrouvant avec une majorité absolue à l’Assemblée Nationale.
Un inconvénient de cette réforme est qu’elle favorise l’abstention pour ce « 3ème tour » puisque de nombreux électeurs considèrent l’affaire jouée dès la présidentielle. Donc, si l’on se fie aux expériences précédentes, les élections législatives de juin 2022 ont des chances de confirmer le scrutin présidentiel. Merci M. Jospin, auteur de cette réforme !
Le 24 avril que faire ? Abstention ou vote blanc ? Ou autre… ?
Plusieurs personnalités ont lancé l’appel : “Ni Le Pen, ni Macron ! “ Selon eux, ils sont les deux faces d’une même pièce, ils feront la même politique antisociale, ultra-autoritaire, favorisant les riches, etc. Abstention ou vote blanc : c’est ce que l’on entend le plus souvent chez ceux qui n’ont voté ni pour E. Macron ni pour Le Pen ou Zemmour au premier tour.
Le vote blanc est reconnu, il figure dans les procès-verbaux établis dans les bureaux de vote, mais il n’est pas comptabilisé dans les votes exprimés. C’est comme un non-vote ! D’ailleurs il est vite oublié, n’est pas commenté dans les médias, n’influence aucunement les résultats.
Par contre l’abstention est scrutée attentivement tout au long du jour du vote et encore après la fermeture des bureaux de vote. Elle ne passe pas inaperçue. Emmanuel Macron en 2017 n’a été élu que par 18 % des électeurs inscrits : une abstention massive atteint la légitimité de l’élu et diminue d’autant le pourcentage de citoyens qui adhèrent au programme du Président élu.
Favoriser une cohabitation
Lorsqu'il a la majorité parlementaire le Président (ou la Présidente) de la République joue un rôle primordial mais si celle-ci lui fait défaut alors son rôle est nettement plus effacé. C’est pourquoi nous devons empêcher à tout prix que le Président (ou la Présidente) se retrouve avec un Parlement entièrement à sa botte.
Un Parlement entièrement acquis à l’opposition, entraînant une cohabitation, empêchera l’exécutif d’avoir les mains libres. Le premier ministre sera issu de l’opposition et conduira la politique du gouvernement conforme à ce que souhaitent les électeurs.
Cette situation a déjà eu lieu trois fois dans notre pays :
Première cohabitation (1986-1988) Mitterrand / Chirac
Deuxième cohabitation (1993-1995) Mitterrand / Balladur
Troisième cohabitation (1997-2002) Chirac / Jospin
Certains jugent ces périodes de cohabitation néfastes pour le fonctionnement de l'État français car elles ne permettraient pas de mener des réformes importantes. Il est néanmoins possible de voir en la cohabitation le signe d'une vitalité démocratique, le Parlement retrouvant toute son importance.
La Constitution ne donne au président de la République aucun moyen de destituer son Premier ministre, sauf à dissoudre l'Assemblée nationale, et ce au maximum une fois par an.