Le grand échiquier
Ce livre, publié en France en 1997 ( Ed. Bayard), écrit par Zbigniew Brzezinski, est un ouvrage majeur, incontournable, pour qui s’intéresse à l’Histoire contemporaine et à la géopolitique. L’actualité nous donne une raison supplémentaire de le relire.
Le MS21 avait écrit un article lors du décès de cet auteur, mort en 2017, silencieusement, dans une quasi indifférence ; il n’a pas eu les éloges funèbres que reçoivent habituellement les VIP ..
.Voici ce que nous écrivions le 4 juillet 2017 :
Les origines de Zbigniew Brzezinski , né à Varsovie en 1928, plongent dans le nationalisme polonais russophobe traditionnel. Sa famille paternelle aristocratique venait d'une région qui faisait partie de la Pologne et appartient aujourd'hui à l'Ukraine. De par ses origines, il haïssait la Russie, il haïssait les Russes, il a œuvré à la chute de l'URSS. Dans son livre « Le grand échiquier » Brzezinski dévoile tout, franchement , avec arrogance. Et poursuivant sa politique antirusse il explique que l'Ukraine est un pivot géopolitique qu'il faut faire basculer dans le camp occidental afin de déstabiliser le régime de Moscou et empêcher la Russie de recouvrer un jour le statut de deuxième puissance mondiale.
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Avertissement : Les phrases en italique et entre guillemets sont issues du livre Le grand échiquier
Brzezinski a été le conseiller spécial du Président Jimmy Carter de 1977 à 1981. Fin politologue, très influent et auteur de nombreux ouvrages politiques, le plus connu étant Le grand échiquier, il n’a cessé d’explorer et d’analyser toutes les voies pour conduire les Etats-Unis à dominer durablement le monde. Une grande partie de la politique étrangère américaine actuelle est basée sur ses recommandations. Ce livre est donc incontournable pour quiconque souhaite comprendre les dimensions de la politique américaine en Europe et en Asie, et aussi pour comprendre l'escalade des tensions actuelles avec la Russie.
Les Etats-Unis sont devenus, après la chute de l’URSS en 1991, la première puissance mondiale, puissance financière grâce au dollar ( monnaie de réserve mondiale ) et puissance militaire avec un budget de 858 milliards de dollars en 2022 et leurs forces armées possèdent 800 bases réparties sur tous les continents. Ajoutons à cela leur avance dans les technologies de pointe, leur influence culturelle au sens le plus large. L’obsession des Nord-Américains sera dès lors de conserver cette hégémonie pour, disent-ils, assurer la paix dans le monde ! Pour ce faire, il leur faut établir des points d’ancrage solides sur toute la planète, c’est-à-dire des alliances avec les pays dont la position géographique est importante. Brzezinski les nomme des pays « pivots » qu’il faut contrôler ; parmi ceux-ci il cite « l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, la Corée, la Turquie et l’Iran qui sont des pivots géopolitiques cruciaux ».
« Pour l’Amérique, l’enjeu géopolitique principal est l’Eurasie »
L’Eurasie, c’est-à-dire le bloc formé par l’Europe et l’Asie, est le plus grand continent à la surface du globe allant de l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique. On y dénombre environ 75% de la population mondiale et la plus grande partie des matières premières. Qui veut dominer le monde doit maîtriser cet immense espace que Brzezinski compare à un échiquier où des « joueurs » déplacent leurs pions. Mais il admet que « l’arme nucléaire a réduit dans des proportions fantastiques, l’utilité de la guerre comme prolongement de la politique ou même comme menace ». Pour lui, l’affrontement entre deux puissances nucléaires n’est donc pas envisageable. Effectivement, la guerre actuelle menée contre la Russie est une guerre par procuration qui se déroule en Ukraine assumée par le pouvoir ukrainien de Zelenski. Et ce sont les soldats ukrainiens qui payent de leur sang cette folie.
En résumé, il s’agit « d’éviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives. » L’auteur ne précise pas qui sont les « barbares ».
A propos de la Chine
Brzezinski a écrit : « Le rythme de la croissance économique et le montant des investissements étrangers ont permis d’établir que d’ici vingt ans environ [donc vers 2017] la Chine deviendra une puissance mondiale de même envergure, ou presque, que les Etats-Unis ou l’Europe… » Cependant un peu plus loin il tempère ces prévisions : «… un ralentissement économique n’est pas exclu, pour maintenir des taux semblables […] il faudrait la tranquillité politique, l’ordre social interne, le taux élevé de l’épargne, […] la stabilité régionale […]. Or, la combinaison de tous ces facteurs positifs est relativement improbable ». Bref, d’après Brzezinski, en 1997, la Chine n’est pas encore une menace pour l’hégémonie de son pays. Là, on peut dire qu’il n’a pas vu assez loin…Les Etats-Unis ont bien tenté à plusieurs reprises de déstabiliser le gouvernement chinois d’abord au Tibet en finançant le dalaï-lama en exil, puis à Hong Kong et au Xinjiang en accusant Pékin de génocide envers les Ouïghours... Ces tentatives ont échoué, le pays continue sa progression et est devenu la deuxième puissance économique mondiale.
Mais les Etats-Unis sont persévérants ; maintenant, ils financent les indépendantistes de Taïwan afin de provoquer des troubles et obliger les Chinois à réagir… Veulent-ils les obliger à déclencher une guerre ?