Repenser les politiques de sécurité publiques

Publié le par MS21

Repenser les politiques de sécurité publiques

 ENTRE DENI ET SURENCHERE : REPENSER LES POLITIQUES DE SECURITE PUBLIQUES

I- Sortir du déni sur les questions sécuritaires

Les derniers événements relatifs aux émeutes survenues à la suite de la mort de Nahel Merzouk tué par un policier suite à un refus d'obtempérer a relancé le débat à gauche sur les questions sécuritaires. Le député LFI David Guiraud a ainsi pu déclarer : « Ce sont les policiers qui doivent se calmer […] Je n'appelle pas au calme, j'appelle à la justice.». A l'inverse, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF a refusé de légitimer cette violence et a appelé au retour au calme. Il pointe la responsabilité du chômage et de la destruction des services publics dans les causes de ces troubles. Il souhaite le retour d'une police de proximité pour ramener la confiance entre la population et la police. Il y a un vrai clivage à gauche dans ce débat.

La question des politiques à mener en matière de sécurité physique des biens et des personnes est un sujet sur lequel la gauche éprouve des difficultés à prendre position de manière crédible vis-à-vis des attentes des classes populaires en particulier. Elle hérite d'une tradition anti-autoritaire de défense des libertés publiques face à la coercition exercée par les forces du capital (étatiques en particulier). Cette tradition trouve une vraie légitimité dans la réalité que constitue  la lutte des classes dans l'Histoire.

Mais cette question de la sûreté - être protégé contre les excès de la violence légitime d’État - ne doit pas occulter celle de la sécurité - être protégé des actes délictueux - . Les questions du traitement concret, dans le quotidien, de la criminalité et de la délinquance sont de vraies interrogations qui ne doivent pas être relativisées trop facilement. La gauche pèche souvent par naïveté dans ce domaine, en se réfugiant dans le déni, par peur de favoriser la montée de l'extrême-droite.  

Le MS21 considère que se référer à la “gauche” n’est pas suffisant pour éclairer cette question. Dans ce texte, on s'interrogera donc sur la manière dont une force politique émancipatrice nouvelle peut prendre en charge ces problèmes qui empoisonnent la vie de nombre de personnes dans les classes moyennes et populaires.

II- La réalité du droit à la sécurité

Les données statistiques fournies par l'INSEE en 2021 apportent quelques éléments d'appréciation sur l'évolution de la délinquance en France.
De 2010 à 2019 les plaintes pour vols violents (avec ou sans armes) baissent de 29 %, les plaintes pour escroquerie augmentent de 55 %, les plaintes pour coups et blessures volontaires augmentent  de 26 %, les plaintes pour violences sexuelles sont en forte hausse ( multipliées par 2,4)  dont 55 % sur des mineures. Parmi les auteurs présumés de vols,  la part des étrangers augmente passant de 16 à 30 %. Cette augmentation est concentrée sur 10 nationalités, en lien avec les filières de criminalité organisée. Par contre, de 2016 à 2020 le nombre d'homicides est stable (entre 900 et 1000 par an).(1)

Il est encore plus important d'évaluer le vécu concret des populations confrontées au quotidien à tous ces problèmes. Quelques personnalités classées à  gauche sont courageusement sorties de l'attitude de déni et ont livré des témoignages intéressants.

François Ruffin a rapporté sur Facebook, les paroles d'une habitante de tour HLM : « ...ça fait 41 ans qu’on habite là, et nous n’avons jamais connu ça(...) C’est de la musique toute l’après-midi, toute la nuit, des pétards, des pots d’échappement, le quad, les rodéos…(...)L’Office HLM, ils ne bougent pas. On leur demande de venir constater, le régisseur m’a répondu : ‘On va pas venir l’après-midi pour se faire taper dessus.’(...)Si je fais voir que j’ai peur, on est foutus. On va se faire dominer. Comme ils ont jeté une casserole sur ma fille, on a porté plainte, enfin, on a attendu toute la journée pour qu’on nous dise de faire une main courante ».
Et François Ruffin de commenter : « C’est la première mission, à mon sens, pour la police, plus que les braquages, plus que les grands crimes, plus que le contrôle des papiers : cette tranquillité du quotidien. Être de gauche, ce n’est pas fermer les yeux là-dessus, au contraire : c’est garantir cette paix à tous les citoyens, ce droit à une intimité, à être chez soi, pas dérangé. »(2)

Laurent Brun, cheminot et syndicaliste CGT, s'exprime en 2021 : « Dans ma ville de banlieue lyonnaise, les caïds du trafic de drogue ont décidé de privatiser certains quartiers pour que leur business se fasse tranquillement. Ils emploient des nervis pour casser la tête aux livreurs, aux médecins ou aux pompiers qui viennent dans le quartier, ils font cramer les bagnoles des voisins... Ça s’est amplifié depuis un mois parce qu’ils sentent venir le déconfinement et qu’ils avaient été tranquilles pendant le confinement donc ils veulent conserver cette « tranquillité ». Or en face, il y a très peu de moyens policiers, notamment la nuit (un seul équipage de 3 agents pour une ville de 60000 habitants !).(...) les caïds dont je parle sont les « cadres intermédiaires » du business. Ceux-là ils défendent leur activité et leur « poste ». Il y a un an, ils ont ordonné l’exécution en plein centre-ville et en plein jour d’un vendeur (...)Je n’ai pas la naïveté de penser que ces personnes-là rentreront dans le rang juste avec de la pédagogie. S’ils travaillaient en entreprise, ils  seraient cette sorte de DRH qui est prête à pousser un salarié au suicide pour atteindre ses objectifs. Donc oui, pour ces cas-là, qui sont minoritaires mais qui sont au cœur de la structuration de l’organisation mafieuse (ils ne sont pas à sa tête mais ils la font tenir et ils en retirent un statut social très privilégié) il faut un appareil répressif. »(3)

 

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